Orientation de l’armée et accélération de projets
Les rapports de base du DDPS « Avenir de la défense aérienne », « Avenir des forces terrestres » et « Conception générale cyber » le montrent : l’armée est orientée sur la menace et ses capacités sont développées en conséquence.
12.05.2022 | Communication DDPS, Marco Zwahlen
Le développement capacitaire de l’armée doit être davantage axé sur les formes de conflits hybrides, y compris en matière de cybersécurité. Par conséquent, l’armée doit couvrir un large éventail de capacités. Elle doit assumer simultanément des tâches subsidiaires de protection et de sécurité, fournir une aide en cas de catastrophe ou en situation d’urgence (lors de pandémies par exemple) et, dans le cas le plus grave, elle doit pouvoir défendre le pays ainsi que protéger sa population et ses infrastructures. En ce qui concerne l’équipement, il est prévu de miser sur des formations d’intervention mobiles pouvant être engagées de manière modulaire et d’uniformiser les matériels. Le Conseil fédéral applique ces principes pour orienter et développer les capacités de l’armée et s’appuie sur trois rapports détaillés :
- « Avenir de la défense aérienne » (2017)
- « Avenir des forces terrestres » (2019)
- « Conception générale cyber » (2022)
Les premières analyses découlant de la guerre en Ukraine confirment les grandes lignes tracées dans ces rapports.
Message sur l’armée 2022
En se basant sur les rapports susmentionnés d’une part, et sur les objectifs de la politique de sécurité d’autre part, le DDPS a dû prioriser les investissements de l’armée en fonction des moyens financiers actuellement disponibles, soit environ 5 milliards de francs par an. La priorité absolue du Conseil fédéral est le renouvellement des moyens de protection de l’espace aérien qui consiste en l’acquisition de 36 avions de combat F35-A et celle de 5 unités de feu du système de défense sol-air Patriot. Ces acquisitions prévues dans le message sur l’armée 2022 engageront une grande partie du budget militaire dans les années à venir.
Des projets concrétisés en 2022 déjà...
Le Parlement discute en ce moment de la demande des Commissions de la politique de sécurité d’augmenter progressivement les dépenses de l’armée afin qu’elles atteignent au moins 1 % du produit intérieur brut d’ici 2030 au plus tard. Le Conseil national en a déjà décidé ainsi. Une motion identique est pendante au Conseil des États. Le Conseil fédéral soutient cette augmentation, mais entend évaluer en permanence l’évolution des dépenses de l’armée à l’aune des dépenses globales de la Confédération.
- Si le Conseil des États approuve lui aussi la motion, l’armée pourra combler plus rapidement les lacunes capacitaires existantes et en éviter de nouvelles. Selon la cheffe du DDPS, Madame la conseillère fédérale Viola Amherd, des projets déjà évalués ou planifiés doivent maintenant être accélérés. Exemples :
Le rapport sur l’« Avenir des forces terrestres » qualifie notamment l’appui de feu indirect des troupes au sol comme un élément important, raison pour laquelle les formations ont besoin d’armes à trajectoire courbe précises et pouvant être engagées de manière proportionnée en cas de combat dans en zone urbaine. L’analyse démontre que la meilleure solution réside dans l’acquisition de mortiers modernes montés sur des véhicules à roues. Le Parlement a approuvé l’acquisition d’une première tranche de 32 véhicules de ce type dans le cadre du message sur l’armée 2016. Les mortiers 16 ayant été évalués et testés, la livraison des véhicules a pu débuter. Le contrat d’acquisition prévoit une option pour des commandes supplémentaires. L’armée peut donc acquérir rapidement une deuxième tranche et équiper ainsi toutes les formations. - L’augmentation de l’autoprotection est un besoin permanent dans le cyberespace et l’espace électromagnétique.
La Commission de la politique de sécurité du Conseil des États est également de cet avis. Le 3 mai 2022, elle a discuté d’acquisitions supplémentaires et a décidé, en concertation avec le DDPS, de proposer une augmentation des dépenses de l’armée de 300 millions de francs, et ce dès cette année déjà. Concrètement, la commission propose dans le cadre du message sur l’armée 2022 :
- un arrêté fédéral supplémentaire autorisant un investissement de 175 millions de francs dans l’acquisition d’une deuxième tranche de mortiers 12 cm 16, et un autre de 110 millions de francs dans le renforcement de l’autoprotection dans le cyberespace ainsi que l'espace électromagnétique (mise en place d’un centre de suivi de la situation cyber ainsi que d’un site de remplacement ; acquisition de moyens de cyberdéfense supplémentaires mobiles – installés sur des véhicules – et élévation du degré de protection du réseau de conduite suisse) ;
- une augmentation de 15 millions de francs du crédit d’engagement « Études de projets, essais et préparatifs d’achats » dans le cadre de l’arrêté fédéral sur l’acquisition de matériel de l’armée. Il s’agit ici de préparer l’acquisition de nouveaux véhicules de commandement qui, en tant que postes de commandement mobiles, amélioreront la capacité de conduite des troupes au sol. Pouvant être équipés de radios de nouvelle génération, ils seront ainsi mieux protégés contre les cyberattaques.
...ainsi qu’en 2023 et dans les années suivantes
Le renforcement des moyens de cyberdéfense est également une priorité permanente. D’importants projets sont déjà en cours, notamment la création du commandement Cyber et d’un bataillon cyber. Dans ce domaine, le progrès technologique implique de s’adapter en permanence. Avec davantage de moyens financiers, les achats correspondants pourront également être accélérés. De même, l’augmentation des dépenses de l’armée permettra de renouveler d’autres systèmes importants plus tôt que prévu : la modernisation des moyens d’exploration, de l’aide au commandement et des troupes au sol se trouvera accélérée.
La planification temporelle des acquisitions est en cours. Pour le DDPS et le Conseil fédéral, il est essentiel que les projets soient préparés avec sérieux, qu’ils soient amenés à maturité pour initier leur acquisition, et que les ressources disponibles soient utilisées de manière judicieuse.